5 clés pour décrypter l’étiquette de ton cosmétique (avec lucidité)
Quand on achète un cosmétique, ce sont souvent les promesses visuelles qui nous séduisent : “aux huiles essentielles”, “formule naturelle”, “sans parabènes”, “à base d’aloe vera”… Et pourtant, bien peu de personnes prennent le temps de décrypter l’étiquette en détail.
En tant que pharmacienne spécialisée en cosmétique naturelle, je suis convaincue que mieux comprendre ce que contient un produit, c’est reprendre du pouvoir sur ce que l’on applique sur sa peau.
L’objectif de cet article ? Te donner quelques repères concrets pour interpréter les étiquettes sans peur, mais avec esprit critique, et ne plus se laisser guider uniquement par le marketing.
1. 🧾 Apprends à lire la liste INCI (et à ne pas te laisser impressionner)
L’INCI, ou International Nomenclature of Cosmetic Ingredients, est la liste complète des ingrédients contenus dans un produit cosmétique. Elle est obligatoire en Europe et suit une logique bien précise : les ingrédients y sont classés par ordre décroissant de concentration, jusqu’à 1 %. En dessous de ce seuil, l’ordre devient libre (la mention des ingrédients reste obligatoire).

Mais l’INCI ne sert pas seulement à faire “joli en petit sur l’étiquette” — il joue un rôle fondamental : unifier la nomenclature à l’échelle internationale. Autrement dit, peu importe la marque, le pays d’origine ou le fabricant, chaque ingrédient porte toujours le même nom INCI. Cela permet d’éviter toute confusion et de garantir que les consommateurs, les professionnels de santé et les autorités réglementaires parlent le même langage.
À quoi ça sert pour toi ?
L’INCI est l’unique endroit où tu peux voir toute la composition du produit — pas seulement les 2 ou 3 ingrédients mis en avant sur le devant du flacon. Lire cette liste permet de repérer les vrais actifs, identifier les ingrédients marketing présents en quantités infimes, comprendre la cohérence (ou non) de la formule.
Exemple d’analyse : Aqua, Glycerin, Butyrospermum Parkii Butter, Parfum → Ici, l’ingrédient principal est l’eau. Ensuite vient la glycérine (hydratante), puis le beurre de karité. Le parfum est en dernier, probablement en faible quantité.
Attention aux illusions
Certaines marques affichent des messages comme “à la rose” alors que l’huile essentielle ou l’extrait de rose est tout en bas de l’INCI. Ce n’est pas illégal, mais c’est parfois trompeur. Regarde toujours où se situe l’ingrédient mis en avant. S’il est dans les derniers, il est peut-être là pour faire joli dans la communication.
2. Ne te fie pas qu’à la quantité : un ingrédient peut être très actif à faible dose
Mais attention ! Qu’un ingrédient soit présent en faible quantité ne veut pas dire qu’il est forcément inefficace. Au contraire, certains actifs sont conçus pour être très puissants à très faible dose, et une concentration excessive pourrait même être problématique.
Voici quelques exemples concrets :
- Le rétinol est un actif dans les soins anti-âge. Il est efficace dès 0,01 %, et sa concentration est limitée à 0,3 % dans les produits cosmétiques non rincés, car il peut provoquer rougeurs et desquamation.
- Les huiles essentielles, bien que naturelles, sont aussi très concentrées. En formulation cosmétique, elles sont généralement utilisées à des doses inférieures ou égales à 2 %. Au-delà, elles peuvent devenir irritantes, sensibilisantes, voire allergisantes chez certaines personnes.
C’est pourquoi il faut toujours considérer la nature de l’ingrédient, sa puissance et sa fonction dans la formule — pas uniquement sa position dans la liste INCI.
3. Connais les allergènes à surveiller (et comment les repérer)
En cosmétique, il est obligatoire de mentionner certains allergènes sur l’étiquette lorsqu’ils dépassent des seuils définis (généralement 0,001 % dans les produits non rincés et 0,01 % dans les produits rincés).
Parmi les plus fréquents, tu as sûrement déjà croisé des noms comme linalool, limonene ou citral — des composés naturellement présents dans les huiles essentielles ou les parfums.
Ce que tu dois savoir :
- Ces allergènes sont souvent naturels, issus d’huiles essentielles ou de parfums.
- Leur présence ne signifie pas automatiquement un danger, mais peut poser problème pour les personnes allergiques ou à peau sensible.
👉 En juillet 2023, la liste des allergènes à déclaration obligatoire est passée de 26 à 81 substances. C’est un pas important vers plus de transparence et sécurité pour le consommateur, mais cela rend aussi l’étiquette plus dense et parfois difficile à lire.
Mes conseils si tu as une peau réactive ou sensible :
4. 📱 Utilise les applications de notation avec recul et esprit critique
Certaines apps t’indiquent si un produit est “bon” ou “mauvais”. C’est pratique… mais souvent réducteur, parce que :
- Elles analysent les ingrédients un par un, sans considérer le dosage ni la synergie de la formule.
- Elles peuvent classer “rouge” des substances totalement sûres à la dose autorisée.
- Elles entretiennent parfois une vision alarmiste.
En tant que professionnelle de santé, je te recommande de ne pas confondre simplification et information. L’idéal est de croiser les sources et d’apprendre à faire confiance à ton bon sens.
5. 🔎 Analyse l’étiquette dans son ensemble : pas seulement la composition
L’étiquette d’un cosmétique contient bien d’autres données utiles :

Mais là encore, prudence : certains labels ne veulent rien dire en Europe. Le label « cruelty-free », par exemple, est redondant, car les tests sur animaux sont interdits depuis 2013.

Certaines marques paient pour obtenir la certification « cruelty-free » afin de rendre leur packaging plus attractif et de créer un lien émotionnel avec le consommateur. Cela donne l’illusion d’un engagement éthique particulier, alors qu’en réalité, toutes les marques qui vendent légalement en Europe sont déjà cruelty-free par obligation légale.
En affichant ce label, certaines entreprises se positionnent donc de manière trompeuse — en valorisant un respect de la loi comme si c’était un choix volontaire. C’est une publicité déguisée, et fondamentalement malhonnête.
✊ Pour une beauté plus libre, plus consciente
Lire une étiquette, ce n’est pas juste un réflexe de curieux. C’est un geste militant dans un secteur souvent saturé de promesses floues.
Chez Malerva Atelier, je milite pour :
- Une transparence totale sur les ingrédients,
- Une éducation à la lecture critique,
- Une beauté libérée des stéréotypes et du greenwashing.
Reprendre en main sa routine cosmétique, c’est aussi reprendre confiance en soi et faire des choix plus éclairés et plus doux pour la planète.
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